بسم الله الرحمن الرحيم
Table des matières
Introduction
Tout d’abord, dire qu’un musulman est mécréant, est un jugement très grave, en effet le Prophète ﷺ a dit :
« إذا قال رجل لأخيه: يا كافر، فقد باء بها أحدهما، فإن كان كما قال وإلا رجعت عليه«
« Lorsqu’un homme dit de son frère qu’il est mécréant, l’un des deux l’est nécessairement. Si l’homme est tel qu’il l’a décrit, il sera traité comme tel, sinon l’accusation se retournera contre lui [celui qui l’a prononcée]. »1
أهل الحل والعقد
Premièrement, ce type de jugement est effectué par ‘ahlul hil wal aqd’ : أهل الحل والعقد, l’élite des savants qui ont une autorité ou les juges musulmans (dans un pays musulman) et non par un individu quelconque.
Les obstacles au takfîr
1. L’ignorance
Deuxièmement, nous devons exposer les preuves à la personne qui commet un des actes qui annule l’Islam d’une personne : c’est ce qu’on appelle ‘Iqâmatul Hujjah’ إقامة الحجة ; nous devons lui expliquer en détails, que selon le Qur’an et la Sunnah, cet acte fait sortir une personne de l’Islam. Nous devons nous assurer que cette personne n’a pas fait cet acte par ignorance. Par exemple, l’évènement avec certains compagnons qui venaient de se convertir à l’Islam, et qui ne savaient pas que ce qu’ils demandaient était une forme de shirk (association avec Allah) :
عَنْ أَبِي وَاقِدٍ اللَّيْثِيِّ، أَنَّ رَسُولَ اللَّهِ صلى الله عليه وسلم لَمَّا خَرَجَ إِلَى خَيْبَرَ مَرَّ بِشَجَرَةٍ لِلْمُشْرِكِينَ يُقَالُ لَهَا ذَاتُ أَنْوَاطٍ يُعَلِّقُونَ عَلَيْهَا أَسْلِحَتَهُمْ فَقَالُوا يَا رَسُولَ اللَّهِ اجْعَلْ لَنَا ذَاتَ أَنْوَاطٍ كَمَا لَهُمْ ذَاتُ أَنْوَاطٍ . فَقَالَ النَّبِيُّ صلى الله عليه وسلم « سُبْحَانَ اللَّهِ هَذَا كَمَا قَالَ قَوْمُ مُوسَى :(اجْعَلْ لَنَا إِلَهًا كَمَا لَهُمْ آلِهَةٌ ) وَالَّذِي نَفْسِي بِيَدِهِ لَتَرْكَبُنَّ سُنَّةَ مَنْ كَانَ قَبْلَكُمْ «
D’après Abi Wâqid Al-Laythî, le Messager d’Allah ﷺ lorsqu’il sortit pour l’expédition de Khaybar, passa à coté d’un arbre des idolâtres appelé « Dhât Anwât » auquel ils accrochaient leurs armes. Nous dîmes alors :
« Ô Messager d’Allah ! Donne-nous un Dhât Anwât comme ceux là ont un Dhât Anwât ! ». Le Prophète ﷺ dit alors « Gloire à Allah ! Ceci est comme ce que le peuple de Moûsâ a dit « donne nous un dieu comme ceux là ont des dieux » ! Par Celui qui détient mon âme dans Sa main, vous allez suivre les coutumes de ceux d’avant vous ! »2
2. La sanité de la raison
Après cela, nous devons nous assurer que cette personne n’a pas perdue la raison, qu’elle n’est pas folle ou qu’elle n’a pas fait cet acte ou dit cette parole sous le coup de l’émotion :
حَدَّثَنَا أَنَسُ بْنُ مَالِكٍ، – وَهُوَ عَمُّهُ – قَالَ قَالَ رَسُولُ اللَّهِ صلى الله عليه وسلم « لَلَّهُ أَشَدُّ فَرَحًا بِتَوْبَةِ عَبْدِهِ حِينَ يَتُوبُ إِلَيْهِ مِنْ أَحَدِكُمْ كَانَ عَلَى رَاحِلَتِهِ بِأَرْضِ فَلاَةٍ فَانْفَلَتَتْ مِنْهُ وَعَلَيْهَا طَعَامُهُ وَشَرَابُهُ فَأَيِسَ مِنْهَا فَأَتَى شَجَرَةً فَاضْطَجَعَ فِي ظِلِّهَا قَدْ أَيِسَ مِنْ رَاحِلَتِهِ فَبَيْنَا هُوَ كَذَلِكَ إِذَا هُوَ بِهَا قَائِمَةً عِنْدَهُ فَأَخَذَ بِخِطَامِهَا ثُمَّ قَالَ مِنْ شِدَّةِ الْفَرَحِ اللَّهُمَّ أَنْتَ عَبْدِي وَأَنَا رَبُّكَ . أَخْطَأَ مِنْ شِدَّةِ الْفَرَحِ «
Anas b. Malik رضي الله عنه rapporte que le Messager d’Allah ﷺ a dit:
« Certes, Allah est plus heureux du repentir de Son serviteur quand celui-ci se repent à Lui que l’un de vous sur sa monture dans une terre désertique et celle-ci lui échappe, emportant avec elle sa nourriture et sa boisson. Désespéré, il part s’allonger à l’ombre d’un arbre en ayant perdu l’espoir de retrouver sa monture. Tandis qu’il se tient ainsi, voilà la monture devant lui, debout. Il se saisit alors de son mors, puis s’exclame, fou de joie : « Ô Allah! Tu es mon serviteur et je suis Ton seigneur! » Il s’est trompé à cause de l’intensité de sa joie ».3
3. La contrainte
Puis, il faut vérifier que cette personne a fait cet acte de son plein gré, et qu’elle n’a pas été forcée ou menacée par quelqu’un, ou par contrainte, comme Ammâr ibn Yâsir رضي الله عنهما :
[Raheeq al Makhtum p.97 : Persécutions]
4. La mauvaise interprétation ou les ambiguïtés
Enfin, il faut clarifier tout types de doutes (shubuhaat) ou mauvaise interprétation (ta’wîl) et s’assurer que la personne n’a pas mal compris un aspect de la religion islamique. Par exemple, cet évènement avec Khâlid ibn Al Walid رضي الله عنه :
عَنْ سَالِمٍ، عَنْ أَبِيهِ، قَالَ بَعَثَ النَّبِيُّ صلى الله عليه وسلم خَالِدَ بْنَ الْوَلِيدِ إِلَى بَنِي جَذِيمَةَ، فَدَعَاهُمْ إِلَى الإِسْلاَمِ فَلَمْ يُحْسِنُوا أَنْ يَقُولُوا أَسْلَمْنَا. فَجَعَلُوا يَقُولُونَ صَبَأْنَا، صَبَأْنَا. فَجَعَلَ خَالِدٌ يَقْتُلُ مِنْهُمْ وَيَأْسِرُ، وَدَفَعَ إِلَى كُلِّ رَجُلٍ مِنَّا أَسِيرَهُ، حَتَّى إِذَا كَانَ يَوْمٌ أَمَرَ خَالِدٌ أَنْ يَقْتُلَ كُلُّ رَجُلٍ مِنَّا أَسِيرَهُ فَقُلْتُ وَاللَّهِ لاَ أَقْتُلُ أَسِيرِي، وَلاَ يَقْتُلُ رَجُلٌ مِنْ أَصْحَابِي أَسِيرَهُ، حَتَّى قَدِمْنَا عَلَى النَّبِيِّ صلى الله عليه وسلم فَذَكَرْنَاهُ، فَرَفَعَ النَّبِيُّ صلى الله عليه وسلم يَدَهُ فَقَالَ « اللَّهُمَّ إِنِّي أَبْرَأُ إِلَيْكَ مِمَّا صَنَعَ خَالِدٌ « . مَرَّتَيْنِ.
Le père de Salim rapporte:
Le Prophète ﷺ envoya Khâlid ibn Al-Walid chez les Banû Jadhîma. Invités par Khâlid à embrasser l’Islam, les Banû Jadhîma, au lieu d’employer la bonne formule « Aslamna » (i.e. nous avons embrassés l’Islam), dirent « Saba’nâ, saba’nâ ». Khâlid se mit alors à tuer et à faire des prisonniers dans la tribu, et il remettait à chacun de nous un prisonnier qu’il avait fait; puis un jour il ordonna que chacun de nous tuât son prisonnier. -Par Allah, je ne tuerai pas mon prisonnier, dis-je alors, et aucun de mes compagnons ne tuera le sien. Quand nous revînmes auprès du Prophète ﷺ, nous lui racontâmes la chose. Il leva aussitôt ses deux mains et s’écria en le répétant par deux fois : « Ô Allah! je suis innocent devant Toi de l’acte commis par Khâlid.« 4
Conclusion
Pour résumer, la déclaration du takfîr (dire qu’un musulman est kâfir, mécréant) est très dangereuse, et ne peut pas être faite par n’importe quel individu mais par l’élite des savants qui ont une autorité, qui étudierons le cas avec la personne afin de s’assurer que toutes les conditions vues plus haut sont remplies.
Cependant, cela ne signifie pas que l’on peut pas juger un acte qu’une personne commet et qu’on ne peut pas parler d’un point de vue général, par exemple dire que celui qui invoque autre qu’Allah est mécréant. Les savants de l’Islam ont détaillé les différents types de péchés: allant des péchés mineurs et majeurs, les innovations…etc jusqu’aux péchés qui peuvent faire sortir une personne de l’Islam. De ce fait, on peut juger l’acte d’une personne comme étant un acte de kufr (mécréance) ou de shirk (association avec Allah), mais cela ne rends pas automatiquement la personne qui fait cet acte, mécréante.
Pour connaître davantage les différents types d’annulatifs de l’Islam, voir Les annulatifs de l’Islam de Shaykh Muhammad Ibn Abdul Wahhâb
والله تعالى أعلم